La photographie pour moi, est indissociable de ma vie. Bien des projets que j’ai entrepris découlent d’événements que j’ai vécus ou tout simplement de ce que j’ai croisé sur mon chemin. J’aime ces inattendus qui vous inspirent ou qui vous font dévier pour approfondir une voie nouvelle dans le cours d’un sujet. La photographie a fait partie de l’une de ces surprises lorsque, déçue par les photos de classe de mes enfants figés dans une même pose, j’ai obtenu l’autorisation de faire quelques photos dans leur école… Un an plus tard, je démarrais mon travail sur les Maternelles.
Dans mes projets personnels, par opposition souvent aux sujets de commande, je veux avoir la liberté du regard et de la découverte, c’est à dire celle de photographier sans consigne et sans à priori. Si j’entreprends un sujet avec une idée préconçue, je réduis mon champ de perception. Je ne révèle de la réalité que la part de vérité qui correspond à l’idée que je veux démontrer. Démarrer un sujet est le début d’une aventure : je ne veux pas savoir où je vais atterrir.
La parole est pour moi indispensable . Elle enrichit l’échange et la photographie. Elle est musique. Elle est poésie. C’est pour cela, sans doute, que j’ai été attirée par la réalisation de documentaires.
Plus récemment, sans que cela soit une révolution dans mon parcours et sans renoncer à mon intérêt pour l’autre, je me suis orientée vers une recherche que l’on pourrait qualifier de plus abstraite mais qui me semble plus personnelle, plus solitaire en tout cas. Il n’y a plus la médiation de l’autre pour créer une œuvre. Cette recherche a débuté par un travail sur les photogrammes, travail qui met en jeu le corps entier et sa gestuelle. Cette recherche n’est plus reliée à un réel objectif, à une représentation du réel où chaque chose a un nom. Le réel est détourné pour créer un univers autre que chaque spectateur peut interpréter à sa façon.
Ces différents chemins ne sont pas contradictoires. Ils sont l’occasion de donner à voir et à exister tout ce que je reçois…